Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de opera-nancy-korngold.over-blog.com
  • : Présentation de l'opéra, La ville morte, de Korngold, compositeur autrichien du début du XXème siècle. Présentation de Korngold comme personnage représentatif de son temps.
  • Contact

Recherche

31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 21:58

L’histoire commence à la fin d’une journée morne et grise, dans la maison de Hugues qui s’apprête à sortir de chez lui pour faire une promenade dans la ville de Bruges. Hugues est un veuf qui se remet mal de la mort de sa femme, voilà 5 ans déjà. Avant que cellec-ci ne décède, ils vivaient heureux. Ils ont passé 10 ans de leur vie ensemble. Il garde beaucoup de souvenirs de sa femme comme une mèche de cheveux qu’il lui avait coupé dans les derniers jours de sa maladie. Elle était une belle femme, c’était l’unique amour de Hugues, il l’a chérissait de toute son âme, il l’aimait. Elle avait des cheveux magnifiques, des yeux de prunelles, un teint de fleur. Il a gardé tous les effets personnels de sa femme, des portraits, des photographies et la mèche de cheveux dans une pièce dans laquelle lui seul et sa servante, Barbe peuvent entrer.

Au terme de sa balade, Hugues s’oriente vers sa demeure quand soudain une émotion forte le submerge en voyant une femme arriver vers lui. A peine l’a-t-il vu qu’il s’arrête net. C’est une apparition qui le fait chavirer. Hugues la suit déterminé. Il la reconnaît, oui, elle a des yeux de prunelles, des cheveux magnifiques, un teint de fleur. C’est un miracle, c’est sa femme. Il continue de la suivre à travers les rues jusqu’au théâtre où elle disparaît. Sans réfléchir et malgré son deuil, il achète une place. Il se précipite dans la salle, inspecte les loges, tous les fauteuils. Sa seule obsession est de la retrouver, en vain.  L’opéra commence et c’est Robert le Diable qui est joué ce soir là. La musique de l’opéra le rend triste, il pense à sa femme et à la folie qui l’a emporté jusqu’ici. Mais soudainement, il reconnaît l’inconnue de la rue. Oui c’est elle, elle est sur scène. C’est une danseuse.

Hugues est vite renseigné sur elle. Son nom est Jane Scott. Elle habite à Lille. Un soir, il décide de l’aborder et le charme de la ressemblance se poursuit. Sa voix est identique à celle de sa défunte femme. Puis le temps passe et cela fait maintenant quelques mois que Hugues a rencontré Jane. Sa vie a changé. Sa tristesse a disparu. Pourtant chaque matin il va encore rendre un culte à sa femme disparue dans la pièce « sanctuaire ». Hugues reste ainsi encore de longues heures puis il part chez Jane. Il veut accentuer encore plus la ressemblance entre Jane et la morte. Il décide donc de faire porter à Jane des robes de sa femme mais Jane se moque de ces robes démodées. Hugues ne lui a jamais parlé de la ressemblance avec sa femme mais explique à Jane que ses robes sont un héritage. Jane se montre frivole, elle ricane, se moque. Hugues la trouve vulgaire et le charme de la ressemblance s’estompe.

A partir de cet épisode, Hugues sent chaque jour, de plus en plus, une différence qui s’accentue entre les deux femmes. C’est un drame pour lui. Il se sent honteux vis-à-vis de sa femme disparue. L’idylle entre Hugues et Jane s’éteint petit à petit car Jane est de plus en manipulatrice et elle voit d’autres hommes. Hugues est jaloux. Il est partagé entre son attirance pour Jane et le culte qu’il voue à sa femme. Un soir, Hugues accueille Jane chez lui pour assister à une procession religieuse. Hugues est mal à l’aise et tendu car le public peut apercevoir la jeune femme derrière les rideaux. Il est néanmoins absorbé par la fête religieuse et ne fait plus attention à Jane. Jane, délaissée, erre dans la maison. Elle trouve le sanctuaire. Hugues la rejoint. Jane est étonnée de voir des portraits de femme qui lui ressemble particulièrement. Elle rit, encore une fois se moque de tous ces portraits, de ces vieux meubles. Elle prend les photos en main. Elle touche à tout, même à la chevelure. Ces gestes bouleversent Hugues. Il souffre, perd la tête. Il finit par saisir la chevelure que Jane tient enroulée autour de son cou. Il tire et serre la tresse autour de son cou ; Jane ne rit plus, elle pousse un petit cri et meurt.

Partager cet article
Repost0
10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 17:09

Pour rédiger le livret de son opéra, Korngold s’inspire fortement d’un roman de Georges Rodenbach, Bruges la morte, publié en 1892. Nous allons étudier les points communs et les différences entre les deux œuvres.

 

Le nom des personnages du livre a été germanisé par Korngold puisque l’opéra se joue en allemand (par exemple Barbe devient Brigitta, Jane devient Marietta,…). La morte devient Marie. Il a choisit ce nom car il a une forte valeur symbolique, il fait référence à la Vierge Marie, symbole de pureté. Jane devint Marietta car c’est un prénom plus familier mais aussi plus enfantin qui correspond au caractère frivole du personnage. Hugues devient Paul.

 

Le livre décrit les sentiments et les émotions du personnage principal, Hugues. Pour pouvoir adapter ce récit à la scène, Korngold créé un nouveau personnage, ami de Hugues/Paul nommé Franck. Ainsi le personnage principal peut extérioriser ses sentiments et le monologue intérieur devient un dialogue chanté.

 

Korngold conserve l’histoire principale ainsi que le lieu où elle se déroule la ville de Bruges, qui devient alors un personnage. Cette ville contient des canaux d’eau sombre. Elle pleure lorsqu’il pleut; des bruits de cloches et de béguines sont toujours présents. Cette description du paysage est symboliste. Le symbolisme s’oppose au réalisme. Son but est de décrire des émotions, des sentiments et des états d’âme (mélancolie, tristesse). Dans le manifeste du symbolisme paru en 1886 Jean Moréas dit que les symbolistes veulent «  vêtir l’idée d’une forme sensible ». Ce courant littéraire et artistique est représenté par S. Mallarmé, C. Debussy, J.K Huysmans, G. Moreau, P Puvis de Chavannes. Mais Korngold a changé ou supprimé certaines scènes inutiles afin d’accélérer l’histoire et de limiter la durée de l’opéra. Les descriptions physiques ont été supprimées car elles étaient inutiles puisque les personnages sont visibles lors de la représentation.

 

Dans le livre, l’atmosphère est sombre, macabre et tragique. Le récit est monotone et lent. Il n’y a pas de variation de rythme. Hugues est névrosé, psychologiquement instable. Sa rencontre avec Jane, le sosie de sa femme décédée, lui fait perdre la raison. Son meurtre peut être considéré comme un accès de folie. Dans le livret le rythme est plus rapide, moins monotone. Les scènes où Marietta danse avec sa troupe de théâtre permettent de briser le rythme lent du récit. Elles introduisent des moments de joie et de légèreté ce qui permet à Korngold de produire une musique plus riche et plus variée. Paul, le personnage principal est plus attachant, plus « normal » car il ne tue pas la morte,il ne fait que le rêve et il en est soulagé.

 

Korngold a transformé le livre car c’était essentiel pour l’adapter à l’opéra et aux contraintes de la scène. Le changement des noms s’est effectué pour s’adapter à la langue. La fin (lorsqu’il rêve du meurtre) a été changée pour être plus en accord avec la moralité de l’époque. Elle a été transformée en rêve car c’était très à la mode. La fin du XIX ème siècle est marquée par des travaux en neurologie et sur les maladies mentales. L’hypnose passionne et c’est d’ailleurs dans ce contexte que Freud crée la psychanalyse.

Sigmund Freud (1856-1939) a vécu à Vienne. Il a fait des études de neurologie et en 1885 il se rend en France pour observer Charcot qui travaille sur l’hystérie et sur l’hypnose. En 1889 Freud se rend à Nancy pour voir H. Bernheim et A. Liebault. Il rentre ensuite à Vienne. Rapidement il abandonne la neurologie et fonde sa psychanalyse. Freud est le premier à décrire l’inconscient. Selon lui celui-ci est formé de désirs ou de contraintes refoulées et les rêves  en sont la manifestation. Ses recherches influencent les artistes comme Korngold.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 17:23

 

       Nous sommes à Bruges vers la fin du XIXeme, Paul ne s'est jamais remis de la mort de Marie, sa jeune femme adorée. Il a même rassemblé, dans une petite pièce obscure, son "Temple du passé", tous les objets qui ont appartenu à Marie. Paul vit dans le passé en refusant d'affronter sa vie sans elle. Mais Brigitta, sa veille servante qui est la seule à pourvoir pénétrer dans cette pièce la montre à Frank, l'ami de Paul. Ce dernier arrive et lui raconte, encore sous le coup de l'émotion, qu'il a vu Marie vivante. Un peu plus tard, Brigitta fait entrer dans la maison, une magnifique danseuse, Marietta, qui ressemble beaucoup à Marie. Cependant Marietta, est la vie même, elle aime le plaisir et le mouvement; elle reproche même à Paul sa tristesse. Celui-ci ne réussit pas à rester insensible au charme de Marietta. Il était donc déchiré entre  son attirance pour Marietta et sa dévotion pour Marie. Marietta  lui manque, il brûle d'envie de la revoir. Il se cache derrière un arbre pour l'observer danser en compagnie d'une troupe de théâtre. Paul, jaloux, fait des reproches à Marietta mais elle ne répond rien. Le désir est plus fort: Marietta veut aller chez Paul pour lui faire oublier Marie.

Marietta apparaît dans le Temple du passé, au milieu des portraits de Marie. Elle tente de séduire Paul mais il résiste. Elle devient alors railleuse et moqueuse; elle prend la mèche de cheveux, l'enroule  autour de son cou. Paul, fou de rage, l'étrangle puis murmure "Mainteant, c'est tout à fait comme Marie." Paul se réveille, ses yeux cherchent Marietta, morte, mais rien. Elle entre alors pour checher son ombrelle, il sait qu'il ne l'a reverra plus. Frank arrive en proposant à Paul de partir. Paul accepte de fuir Bruges avec lui après avoir lancé un dernier regard au portrait. 

 

Partager cet article
Repost0